Le chômage de longue durée demeure à un niveau élevé
Passer par la case chômage est une chose. Y rester longtemps a des conséquences beaucoup plus graves. Combien sont les chômeurs de longue durée ? Extrait du Centre d’observation de la société.
Publié le 20 mai 2025
https://www.inegalites.fr/evolution-du-chomage-de-longue-duree - Reproduction interditeÀ l’automne 2024, 2,2 millions de chômeurs étaient inscrits à France Travail depuis plus d’un an. Ce chiffre a diminué depuis le pic de 2,9 millions atteint début 2021, suite à la crise sanitaire. Le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée avait fortement augmenté entre la fin 2008 et le milieu des années 2010, d’un million à plus de 2,4 millions. Depuis 2015, le chômage baisse en France. Si on écarte le pic lié à la crise sanitaire, le nombre de chômeurs de longue durée a, quant à lui, baissé entre fin 2019 et fin 2023, demeurant à un niveau très élevé depuis.
Source : France Travail – © Observatoire des inégalités
Les données de France Travail comptabilisent des personnes inscrites auprès de l’institution dans l’espoir d’être accompagnées pour retrouver un emploi et de percevoir une indemnité, ce qui n’est pas le cas de tous les demandeurs d’emploi. Le portrait dessiné par les données de l’Insee est assez différent. Selon l’institut, on compte seulement 500 000 chômeurs depuis plus d’un an, quatre fois moins ! Ce nombre reste élevé, mais il a baissé de 44 % depuis 2016. En revanche, il ne diminue que très peu depuis un an.
Source : Insee – © Observatoire des inégalités
Comment expliquer la différence entre ces deux chiffres ? Le chômage de longue durée mesuré par l’Insee donne une vision restrictive du phénomène. Il suffit d’avoir travaillé une heure dans la semaine qui précède l’enquête pour ne plus être comptabilisé comme chômeur. De son côté, France Travail intègre dans ses chiffres des personnes qui ont exercé une activité réduite (contrats courts, temps partiel), mais qui poursuivent leur recherche d’emploi.
La différence entre les deux courbes résulte du développement d’une zone grise de l’emploi, composée de personnes qui vivotent avec des « petits boulots » d’une durée de plus en plus longue, tout en étant inscrites au chômage. Elle se manifeste, par exemple, par la progression de l’emploi précaire. Le chômage de longue durée a bien baissé, mais la reprise économique n’est pas d’une ampleur assez forte pour aboutir à des emplois durables. Une partie de ceux qui ont quitté les statistiques de l’Insee demeurent inscrits à France Travail car ils comptent toujours reprendre un emploi à temps plein et stable. Au total, on a effectivement davantage d’emplois créés, mais de moins bonne qualité.
Le débat public se concentre sur le taux et le nombre de chômeurs, mais le niveau du chômage de longue durée est un phénomène tout aussi préoccupant. Cet indicateur mesure un dérèglement structurel du marché du travail. Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis plus de trois ans reste très élevé : près de 800 000 personnes sont concernées. D’un côté, une partie des chômeurs s’installent dans une économie de petits boulots, cumulés à une maigre indemnisation chômage. De l’autre, des demandeurs d’emploi n’arrivent pas à remettre le pied dans le marché du travail faute de qualifications ou du fait de la dégradation de l’emploi (bas salaires, temps partiel, précarité, etc.). Dans les deux cas, le phénomène touche surtout les moins qualifiés. Pour les chômeurs de longue durée, l’accès à une formation professionnelle de qualité est essentiel, mais cette dernière est trop rarement au rendez-vous.
Extrait de « Le chômage de longue durée demeure à un niveau élevé », Centre d’observation de la société, 11 décembre 2024.
Photo / CC Tim Foster
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