Au milieu des années 1990, il fallait – après impôts – percevoir plus de 2 900 euros par personne et par mois pour appartenir aux 10 % les plus aisés, plus de 3 100 euros pour être considéré comme « riche » selon le seuil de richesse défini par l’Observatoire des inégalités, et au moins 3 500 euros pour entrer parmi les 5 % aux plus hauts revenus. Ces montants sont exprimés en euros de 2021 pour tenir compte de l’inflation. Après une baisse au début des années 2010, la tendance est nettement repartie à la hausse. Aujourd’hui, ces seuils se situent respectivement au-dessus de 3 500, 3 900 et 4 400 euros par mois (données Insee [1] 2021), soit une hausse de plus de 20 % pour le niveau de vie minimum des 10 % les plus aisés, et même de plus de 25 % pour les 5 % les plus aisés.

Les trois seuils que nous présentons répondent à des logiques différentes. Le seuil des 10 % les plus riches représente une limite qui sépare deux univers : les 90 % aux revenus inférieurs et les 10 % les plus aisés. Ce seuil a progressé très nettement de 1996 à 2011, avec une parenthèse entre 2003 et 2004. Il a baissé ensuite jusqu’en 2014, pour reprendre sa marche vers le haut. L’évolution est la même pour le niveau de vie minimum des 5 % (qui sépare donc les 95 % aux revenus les plus faibles des 5 % les plus aisés), mais sa progression est plus forte depuis 2014. Au-dessus de ces seuils, il est possible que le niveau de vie du 1 % aux revenus les plus élevés s’envole sans que les planchers de revenus des 10 % et des 5 % du haut ne bougent. Malheureusement, l’Insee ne publie pas de séries de données qui permettent de le savoir.

L’évolution du niveau de vie moyen de la tranche des 10 % les plus riches est assez spectaculaire. Alors que le niveau de vie minimum de ces 10 % a augmenté de 2,7 % entre 2017 et 2021, leur niveau de vie moyen a connu une hausse de plus de 10 %, portée par les plus hauts revenus à l’intérieur de cette tranche. Cela représente tout de même 6 000 euros annuels supplémentaires.

Enfin, selon notre définition, le seuil de richesse est proportionnel au niveau de vie médian. Son évolution suit donc celle de ce niveau de vie. Il s’est ainsi nettement accru du milieu des années 1990 à la fin des années 2000, passant de 3 100 à 3 700 euros. Après une période de stagnation, il est reparti à la hausse à la fin des années 2010, pour atteindre 3 900 euros en 2021. Il faut être prudent dans l’interprétation de cet indicateur : cette hausse est plutôt une bonne nouvelle puisqu’elle signifie que le niveau de vie médian de l’ensemble des ménages a progressé.

Photo / © Thomas Serer, Unsplash

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